3.5/5. Le plus gros défi, selon moi, que les artisans avaient de s’attaquer au plus célèbre des romans de l’auteur anglais Roald Dahl était de convaincre deux générations ayant grandi avec deux versions différentes de la viabilité d’un « prequel » au mystique personnage principal. Et personnellement, le pari est hautement relevé (ce ne fut pas le cas pour mes filles qui préfèrent encore l’adaptation de Tim Burton, même si je me suis évertué à leur expliquer que c’était une revisite, une nouvelle genèse pensée par le scénariste Simon Farnaby et le cinéaste Paul King. J’vais les avoir à l’usure. En tout cas… !!) Le plus amusant est qu’à la base, je n’étais guère convaincu de l’intérêt d’un « remake » (Je ne m’étais pas vraiment renseigné et dû prendre quelques minutes pour comprendre que j’assistais à un « prequel » et non une revisite.) Une fois le constat fait, j’ai franchement apprécié la magique aventure (Encore plus surprenant est que je ne suis guère amateur de comédie musicale), mais tout coule de source, des performances aux décors en passant par l’imaginative histoire aux effets spéciaux et j’en passe !
La meilleure idée fut de retourner à la source de l’œuvre originale, ce qui lui donne un petit cachet honorifique et nostalgique. Les thèmes, parfois lourds (corruption, injustice, cupidité, maltraitance, ...), du roman de Dahl se marie à la naïveté de l’approche contemporaine et plus familiale de King/Farnaby, même si ces derniers ont élégamment imbriqué lesdits thèmes à la nouvelle mouture (La version de 1971 était et reste assez bizarre encore aujourd’hui. J’écrirais même un peu dérangeante !?!) Mais avec Wonka, on sent tout l’amour des artisans à la célèbre œuvre cinématographique et j’oserai écrire qu’ils ont amené avec plus de tact et de goût des sujets qui, à la base, n’intéressent pas la jeune clientèle. Evidemment, cela aide grandement lorsque vous avez en main une si excellente distribution, dévouée et convaincue. Je ne suis pas un grand fan de l’acteur Timothy Chalamet, mais je reconnais qu’il a du talent. Beaucoup de talent ! Ce n’était pas chose facile que de chausser les souliers de Johnny Depp et Gene Wilder, mais sa décision d’approcher le magicien-chocolatier en tant que nouveau venu dans le domaine, naïf, aimant et admiratif, allège le poids de ses épaules, car il fait sien le mythique inventeur. Il est aussi très bien entouré. Les seconds rôles gravitant autour de Wonka peuvent aisément être décrit comme unidimensionnels, mais avec des acteurs tels Olivia Colman, Hugh Grant, Keegan Michael Key, Sally Hawkins, Jim Carter, Paterson Joseph, Matt Lucas, Rowan Atkinson, Matthew Baynton, Tom Davis (et j’en oublie…), les personnages prennent de la chair et deviennent des entités propres et viables. Ce serait sacrilège de ma part de ne pas souligner la performance de la jeune Calah Lane en pauvre rescapée Noodle qui ne s’en est pas laissée imposer par tant de talents. Elle prend sa place avec vigueur et entrain.
Honnêtement, le film de Paul King (Paddington 1 & 2) est en parfaite harmonie avec ses deux prédécesseurs, tout en ayant sa propre identité. Il ne faut pas oublier que la première version date de 1971 et que celle de Burton/Depp a maintenant presque 20 chandelles. Des époques différentes pour un résultat magiquement similaire, c’est sûrement la beauté de l’œuvre écrite qui permet ce petit tour de magie cinématographique ?! Ça et le bon goût intellectuel des artistes s’y étant attaqués. Wonka 2023 est pour les jeunes de cœur et d’esprit. A voir et revoir. Par François Gauthier cinemascope@deltar.net
Comments