3/5 min. Ok, j’vais utiliser trois films référentiels sans vouloir être totalement péjoratif : the Godfather, Se7en et Saw 1. Je n’ai rien contre la nouvelle vision du jeune cinéaste Matt Reeves. Au contraire, à défaut d’avoir une « xième » version du héros de l’auteur Bob Kane, elle est au moins plus près de l’originale de 1939 (plus violente, par contre. On est en 2022 quand même !) On a donc droit aux balbutiements d’un jeune héros qui cherche vengeance pour le meurtre de ses parents via tous les criminels qui pullulent la ville de Gotham. Je tiens à écrire que ce n’est pas le type classique de productions super héroïques (à la Marvel, mettons !), mais plus une version s’apparentant à un thriller policier. Et c’est là que le bât blesse !
Personnellement, je n’ai rien contre une relecture plus terre-à-terre, mais Reeves a pris le pari de jouer dans la même ligue que Christopher Nolan et il me fut assez difficile de ne pas jouer au jeu des comparaisons. Mais je suis capable de faire la part des choses et de donner à César ce qui lui revient ! Le jeune cinéaste a vraiment un don et il fut sevré aux meilleurs produits cinématographiques. Cela donne une enquête noire, très noire, mais lente. Très lente. Trèèèèèès lente et c’est ok pour moi, mais pour la jeune clientèle……… ?????!!! 2h45m de « blablatage » (excellente histoire et scénario, en passant !), beaucoup seront rebutés. J’écrivais qu’il m’était inévitable de comparer avec l’œuvre de Nolan ?! Eh bien, un des exemples les plus flagrants est le dosage action/drame. Alors que Nolan est parvenu à merveilleusement mixer histoire et cascades/effets visuels, Reeves s’intéresse plus à la psychologie de ses personnages au détriment du spectateur friand d’effets grandiloquents. Ce n’est nullement un reproche, mais le rythme en souffre énormément. Lorsque les scènes plus relevées surviennent, on est happé, mais elles sont peu nombreuses. C’est un de mes bémols…
Mon autre bémol est dans la distribution des acteurs. Je n’ai rien contre Robert Pattinson. Avec le temps, j’ai fait la paix avec lui et lui aussi cherche à s’éloigner des mièvreries du passé (Huumm !!! « Tousse, tousse » Twilight « tousse tousse » !!!) Je comprends aussi que Matt Reeves cherchait un jeune acteur pouvant livrer les conflits internes d’un jeune milliardaire choqué contre la société. Physiquement, l’acteur cadre. Mais……. J’ai trouvé qu’il n’était pas constant, parfois plus poseur que réfléchi et son timbre de voix sied mal au héros. Mais c’est un jeune Bruce Wayne qui se cherche et dans l’ensemble, Pattinson livre. L’autre acteur (que j’adore, mais qui ne cadre pas dans son rôle est John Turturro. Sa version du mafieux Carmine Falcone est trop légère et physiquement, il n’a pas la prestance de Tom Wilkinson ou de Jack Palance (Je sais que ce n’est pas le même personnage pour ce dernier, mais Palance jouait le même type de rôle, donc… !!) Sa performance est correcte, mais son personnage ne respire pas la crainte, la peur, la main mise sur la justice… La meilleure présence est, selon moi, Paul Dano en Riddler. Il joue magnifiquement sur la mince ligne de la folie et du génie que le rôle nécessite. La scène de l’interrogatoire est su-per-be (J’écris ça de même…!!)
Par contre, tout le reste est nickel. Comme j’écrivais en prologue, visuellement, le travail de Reeves et son équipe est excellente (Chapeau au directeur photo Greig Fraser). Gotham est sale, sombre, dure. Elle devient un personnage en soi et une extension au Batman. Elle l’enveloppe et manipule son héros. Elle devient la petite voix sournoise qui tente de pervertir le héros. Aussi, la musique de Michael Giacchino agrémente bien la psychologie des situations. Contrairement à Hans Zimmer (dans la série de Nolan) où le grandiose et l’apparat étaient rois, Giacchino s’est effacé, préférant peinturer les images au lieu de devenir un appendice à celles-ci. C’est d’ailleurs surprenant de sa part, car depuis quelques années, le compositeur est partout (Spider-man, Rogue one, Dr Strange, Star trek, Jurassic world, Planet of the apes…) et malgré toutes ces œuvres, il est parvenu à créer une ambiance propre à ce nouveau « reboot ».
Maintenant, avions-nous besoin de cette nouvelle mouture ?! Je ne pense pas ! Elle arrive trop tôt. On n’a pas encore tout à fait digéré l’ancien produit (Justice league, même si Ben Affleck faisait un parfait Bruce Wayne vieillissant et aigri). Mais bon, elle est tournée et le produit final est quelque peu différent des précédents. Un pari de la part des studios Warner (qui se sont souvent trompés par le passé….. En tout cas !), mais qui, cette fois, ont vu juste en faisant confiance au réalisateur de Cloverfield, Let me in et la série Planet of the apes. Maintenant, est-ce que le public acceptera cette approche ?! J’en doute. Je le souhaite, mais………. Je remercie quand même Reeves de faire confiance à l’intelligence des spectateurs. Lui rendront-ils ?
Si vous allez le voir, allez-y en ayant en tête que vous verrez un thriller policier. Ce n’est pas un film de superhéros !!!! Par François Gauthier cinemascope@deltar.net P.S. : La narration de Wayne/Batman alourdit aussi. Trop explicative !!
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