4/5. Solide. Vraiment solide. J’admets avec toute honnêteté que je ne donnais pas cher la peau du jeune Robert Eggers d’oser s’attaquer à un des plus grands classiques du cinéma d’horreur (J’écrirais même du cinéma tout court) et c’est à reculons que je suis allé voir Nosferatu #3 (Il y eut une version plus mélodramatique en 1979, de Werner Herzog, mais cette dernière était plus axée sur le roman de Bram Stoker que sur l’œuvre de F.W. Murnau) et je vais me répéter : so-li-deeeu !!
Ce qui m’a le plus renversé est l’énorme et tangible respect d’Eggers pour l’œuvre originale. Tout en honorant l’expressionnisme du travail du cinéaste allemand, le jeune réalisateur a insufflé des notes de modernisme à la vieille histoire (adaptée illégalement par Henrik Galeen en 1922), par le biais, entre autres, de la relation ambiguë entre la créature et son principal désir, la jeune proie esseulée Ellen Hutter. Eggers parvient à incorporer des thèmes comme le féminisme, l’érotisme, le mysticisme, la réalité scientifique vs l’instinct animal sans jamais tomber dans la démagogie, ni le mélodrame.
Il est vrai que pour la jeune clientèle, cette nouvelle offrande pourrait leur paraitre lente, ennuyeuse et parfois pompeuse, mais personnellement je l’ai trouvé assez poétique, voire lyrique et démontre un respect pour l’intelligence de son auditoire. Je n’irai pas jusqu’à écrire qu’il soit parvenu à faire sien le classique, mais sa signature est palpable, surtout par l’inclusion desdits thèmes et par une caméra vertigineuse et un montage acéré. La théâtralité du sujet en ressort doublement sans devenir cliché et stéréotypé. De plus, on voit un réel hommage artistique dans l’enveloppe visuel, un effort incommensurable dans les détails (costume, décors, éclairage) qui aide à l’introspection du spectateur pour l’avenir sinistre de ses protagonistes.
D’ailleurs, chapeau bas à la distribution. Elle est vraiment investie. Lily-Rose Depp fait honneur à son père et montre une maitrise de son corps et de ses émotions, tout en respectant la vulnérabilité de cette femme emprise d’un sort plus grand qu’elle. Sa contrepartie n’est pas en reste ! Je suis resté bouche bée à la vue du nom de Bill Skarsgard au générique final dans la peau du Comte Orlok. Évidemment, le maquillage aide, mais sa performance relègue celle de Pennywise au second rang de ses meilleurs efforts. Comme je l’ai écrit plus haut, il est foudroyablement investi, c’en est inquiétant !! Je pourrais tous les nommer un après l’autre (Nicholas Hoult, Willem Dafoe (3e collaboration avec Eggers. D’ailleurs, excusez l’aparté, mais l’acteur a déjà touché au classique en 2000, avec une reconstitution des événements sur le plateau de Nosferatu. Il y jouait l’acteur Max Schreck dans Shadow of the vampire. Je vous le conseille, héhé !! Euh, bon…), Ralph Ineson, Emma Corrin, Simon McBurney, … Même Aaron Taylor-Johnson est bon. C’n’est pas peu dire !!!)
Et qu’écrire de l’enveloppe musicale ?! Honorifique et moderne à la fois. Robin Carolan a su reconstituer le travail du compositeur Hans Erdmann tout en amenant ces ténèbres au XXIe siècle. Il y a incorporé des chœurs qui donnent une humanité aux situations, mais aussi une profondeur bestiale. Sans parler des violons….. !!! Vous croyez que j’écoute quoi, présentement ? Hihihi !!!
Je remercie mon « chum » Dany de m’avoir convaincu de sortir de mon antre (antre que je n’ai qu’entrevu ces cinq dernières semaines de malédiction mercantile. Vive le Black Friday pis les fêtes. Mettre tous les noms du Ciel ici !!!!!!!!!) Ça n’a pas guéri mon corps meurtri de 50 ans, mais mon esprit a retrouvé une certaine sérénité et joie de vivre qui me réconcilie, un peu, avec la société moderne. Ya encore du bon au travers de ces ombres……………………….. Par François Gauthier cinemascope@deltar.net
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