Disponible dans quelques salles américaines début novembre (pour tenter une éligibilité à la course aux Oscars), la production d’Irwin Winkler, Gerald Chamales, Randall Emmett, Gaston Pavlovich, Jane Rosenthal, Emma Tillinger Koskoff, Troy Allen, De Niro et Scorsese fut officiellement mise en ligne le 27 novembre pour la multitude. Ce choix stratégique qui, espérons-le, saura convaincre l’Académie de s’ouvrir à de nouveaux horizons, m’est personnellement facile à faire : the Irishman réussira aisément à se classer dans mon top 5 de l’année cinématographique de 2019. Maintenant, quelle place aura-t-il dans mon cœur et mon esprit, vous le saurez bien assez tôt (l’année achève et je ne vois rien qui pourrait venir changer ma déjà longue liste. Pas même l’ultime Star wars. Mouais, bon… Je m’éloigne sensiblement du sujet !!)
Cette production est ce dont on s’attendait de Martin Scorsese : du Martin Scorsese. Et il est en grande forme ! 3h24m de pur plaisir pour les cinéphiles aguerris. Certains se renfrogneront peut-être à la durée de la production et j’admets que si ce n’avait été des noms, j’aurais fait de même, mais j’aurais raté mon plaisir. J’suis un amoureux du Septième, comme le cinéaste, et j’ai attendu ce film pendant des semaines (soit depuis la présentation de la bande-annonce le 27 juillet 2019) et mes attentes furent comblées. F**k la chicane de médias interposés (salles, internet, Netflix, …), the Irishman est un film, point. Le seul fait de voir Robert De Niro, Al Pacino, Joe Pesci, Harvey Keitel, Martin Scorsese, Steven Zaillian (c’est l’scénariste) dans le même générique m’a donné la chair de poule (Sans compter les éternels collaborateurs Thelma Schoonmaker et Sandy Powell!!!!) The Irishman est le testament que Scorsese lègue à sa progéniture, soit tous ceux et celles qui aiment le Septième (et qui connaissent son cinéma). Évidemment, nous savons tous que la seule chose qui arrêtera le cinéaste de tourner sera son décès, donc… Euh ? Youppi ?!
Et une œuvre de gangster de plus dans la filmographie du New-Yorkais. Et tout une ! Tous les éléments du drame épique s’y trouve : mafia, amitié, trahison, meurtre, politique, … Basé sur la vie de Frank Sheeran, qui aurait « probablement » assassiné le syndicaliste Jimmy Hoffa, Zaillian et Scorsese (d’après le roman de Charles Brandt) s’en sont donnés à cœur joie et rien ne les a arrêtés. Il faut mentionner que Netflix leur a donné carte blanche et que les moyens utilisés furent à la hauteur des attentes des deux artistes. Plusieurs personnes furent rebutées par le « de-aging », procédé infographique permettant de rajeunir la vieillissante distribution. Pour être honnête (et je ne croise pas mes doigts derrière mon dos), j’n’ai rien vu aller !!! Scorsese et son équipe d’effets spéciaux ont fait un travail remarquable et franchement, ce genre d’effort mérite d’être souligner. Des « F.X. » ne sont pas simplement des monstres gigantesques gambadant dans une ville ou des gros schtroumpfs bleus bottant des fesses. Ils peuvent être incroyablement immiscés dans le quotidien pour le bénéfice de l’ensemble. D’ailleurs, ce choix artistique nous permet d’apprécier encore une fois le talent de grands noms du cinéma. De Niro, en homme de main, est excellent de sobriété (évidemment !), tout comme Al Pacino en bouillonnant grain de sable dans l’engrenage de la pègre (J’suis tautologique !!!) Mais j’avoue que j’eux un faible pour le retour au grand écran de Joe Pesci. La dernière fois qu’on a pu voir performer l’acteur fut dans Love ranch (2010) et j’écrirai seulement que ce n’était pas ce qu’on aurait voulu voir comme finale de carrière, mettons !??! Dans Irishman, il surprend par la justesse de son jeu, ne laissant jamais déborder une émotion de trop, se faisant créant un personnage encore plus énigmatique face aux situations l’entourant. Il n’a évidemment pas le haut du pavé, mais chaque apparition donne au film une épice de plus à une recette déjà succulente.
The Irishman est une production de facture classique, en tout cas d’un point de vue « scorsesien », et nous garde en haleine du début à la fin. De la trempe d’un Godfather, Lawrence of Arabia ou Goodfellas, Martin Scorsese et Steven Zaillian nous montrent la petite histoire dans la Grande et se permettent des hypothèses très crédibles (à la JFK, d’Oliver Stone). Jamais du visionnement je n’eus le sentiment d’être berné par le médium. Ça ne pèse sûrement pas lourd dans votre balance, mais une production qui dépeint des faits et/ou plausibilités sans jamais tomber dans la démagogie, pour ma part, ça flatte mon ‘tit égo de cinéphile averti.
The Irishman marque d’un sceau doré une nouvelle voie au Septième art. Maintenant, voyons comment réagiront les dinosaures qui viennent de voir des dinosaures leur faire la barbe ??!! Du grand art !! 4.5/5 par François Gauthier cinemascope@deltar.net
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