4/5 min. « Heaven… I’m in Heaven and my heart beats so that I can hardly speak” ou écrire!! Héhé! Fred et Frank ont résumé mon opinion de ce nouveau petit bijou de l’excellent cinéaste britannique Christopher Nolan. Vous pouvez dire ce que vous voudrez sur moi et mes préférences artistiques, mais je crois que je ne me trompe pas en écrivant que nous sommes chanceux de vivre à la même époque que le réalisateur. Des artistes de cette trempe ne sont pas légion, surtout lorsqu’elles parviennent à rejoindre autant l’intelligentsia que la masse populaire. Mais comment fait-il, sacrifice ?! Franchement, je ne veux pas le savoir. Tant que ça fonctionne, moi, je suis heureux (On est plusieurs, je pense ?!)
Tout un défi que de s’attaquer à l’inventeur de la bombe atomique (Bon, il avait une grosse équipe, mais c’était la tête pensante en haut de l’organigramme). Rendre intéressant la physique et la chimie tout en restant circonspect avec les faits et l’Histoire, mais aussi en amenant la Grande idée à niveau d’homme. Nolan n’en ait pas à son premier défi, n’est-ce pas ?! Par contre, ici, ce n’est pas de la fiction, mais bien une triste et dure réalité que le monde entier a constaté le 6 août 1945 et le cinéaste se devait d’être délicat dans son approche. Ce qu’il a évidemment fait. Il a approché l’homme et non le mythe. Il a présenté un être passionné, entêté, aimant, patriote, insécure, intelligent, ... Un homme. Un simple homme avec la qualité de ses défauts. Nolan s’attarde au cheminement du théoricien, de ses cours à la culmination du projet Trinity, puis à la réfutation de sa patrie (pendant le maccarthysme) suite à « vous-savez-quoi ! » Trois heures d’enchevêtrements du passé au présent qui se finalise par une intéressante définition d’un homme brisé, mais toujours fier.
L’esthétisme visuel utilisé est simple et efficace : Noir et blanc pour le présent ; couleurs pour le passé. La distribution est judicieusement choisie (des noms connus pour des scientifiques méconnus, donc une plus cohérente interprétation du déroulement narratif pour le public néophyte). Un montage concis et vif, pour nous garder alerte, malgré les multiples raisonnements théoriques. Une musique atmosphérique, quasi-céleste (de Ludwig Goransson) qui marie métaphysique au quotidien pour nous bercer d’illusions. Une production qui célèbre le genre « auteur » sur la terre ferme. Christopher Nolan est parvenu à rendre sexy la science. C’est la fusion du divertissement au documentaire et l’explosion ne peut guère rater sa cible, à moins d’être obtus.
Ce qui est bien avec le cinéaste est sa fidélité. Evidemment, il sait s’entourer et choisir la crème pour mener à bien son entreprise (quel qu’elle soit !) et sa « famille » est une extension de sa personne. Le nombre de collaborateurs qui le suivent depuis ses débuts est impressionnant (cinématographe, éditeur, compositeur, technicien au son, assistant-directeur, effets spéciaux et bien entendu, acteur), ce qui permet au réalisateur une meilleure cohésion, fluidité et même improvisation, car tous connaissent les limites de l’autre. Pour Oppenheimer, Nolan a arrêté son choix sur Cillian Murphy. On pourrait presque penser qu’avec le début de leur collaboration (dans Batman begins), il était inévitable que l’acteur irlandais aboutisse en première ligne, comme si Nolan avait prédestiné son choix il y a vingt ans de cela. Et Murphy le lui rend superbement bien. Il est investi. Il jongle avec les émotions comme un acrobate au Cirque du Soleil. Mais ici, le cirque est à la fois médiatique, politique, psychologique et humainement lourd de conséquences, car le résultat final a ébranlé l’Humanité et, de ce fait, le propre du scientifique. Cillian Murphy est fragile et déterminé et je ne serais pas du tout surpris que l’Académie le souligne d’au moins une nomination. Méritoire tant qu’à moi !
Avec Oppenheimer, on a droit à une leçon d’histoire et de cinéma, prouvant que le Septième peut marier divertissement à documentation et que la fiction peut être au service de la science. Si vous ne l’avez pas encore compris, Oppenheimer est un « must » pour tout amoureux du grand écran. « Heaven… I’m in Heaven……. » P.S.: Il faut que je m’arrête, je suis supposé être « sans mot » !! Héhé !! Par François Gauthier cinemascope@deltar.net
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