3/5. Plus de quarante ans de gestation pour un résultat……………. Huumm !! Ambivalent. Très ambivalent. VRAIMENT trèèèès ambivalent. Écrire que j’attendais ce film avec impatience serait un euphémisme. Tout amateur du vénérable cinéaste connaît l’histoire derrière ce projet. Mais pour la cause, voici les grandes lignes :
Francis Ford Coppola a commencé à penser à Megalopolis peu après l’offre au public de son classique Apocalypse now (1979), mais suite aux flops financiers de ce dernier et du projet suivant (One from the heart (1981), il fit banqueroute. Toutes les productions qui ont suivi jusqu’à the Rainmaker (1997) furent pour payer ses dettes. Il ramena le projet sur la table à la fin des années ’90 et commença la préproduction début 2001. Mais il dut abandonner l’idée suite aux attentats du 11 Septembre, car le scénario prédisait ce type d’attaque. Il ferma les livres pour de bon (sic !) en 2007….. Pour rallumer la flamme en 2019, mais la pandémie mit un frein au projet. Jusqu’en 2022 où il décida, faute de producteur intéressé, de financer le film de sa poche (120M$, dont l’hypothèque de son vignoble). Bien entendu, beaucoup d’acteurs et actrices furent attachés au projet maudit, dont Paul Newman, Robert De Niro, Nicolas Cage (son neveu), Russell Crowe, Leonardo DiCaprio, Cate Blanchet, Zendaya, Kevin Spacey, Uma Thurman, James Gandolfini, Michelle Pfeiffer, James Caan, Jessica Lange pour finalement asseoir Adam Driver, Giancarlo Esposito, Nathalie Emmanuel, Aubrey Plaza, Grace VanderWaal, Shia LaBeouf, Jon Voight, James Remar, D.B. Sweeney et Dustin Hoffman (Talia Shire (sa sœur), Laurence Fishburne (5e collaboration) et Jason Schwartzman (son neveu) étant déjà associés). La production est dédiée à son épouse des 60 dernières années, Eleonor, décédée pendant la post-production en Avril 2024.
En gros, Megalopolis est Apocalypse now « all over again!!!” Est-ce que le Temps lui sera clément ?! Honnêtement, j’en doute. Mais j’espère me tromper. Megalopolis porte merveilleusement son titre. Comme tout œuvre du maître (même ses méfaits commerciaux), l’auteur de 85 ans a toujours fait selon sa volonté et ses projets sont audacieusement autobiographiques. Megalopolis ne fait pas exception, mais comment écrirais-je, manque cruellement de subtilité. Est-ce volontaire de sa part ?! Personnellement, je crois que oui. A l’âge qu’il a, il n’a pas de temps à perdre à, subtilement, dessiner des métaphores et intentions métaphysiques. « What you see is what you get. » Il étale son savoir, autant visuellement que littérairement et se fout éperdument de l’opinion publique. C’est Shakespeare qui rencontre Metropolis. C’est pompeux, théâtral, allégorique, descriptif et démonstratif. C’est une critique acerbe de la société d’aujourd’hui. Une superbe peinture expressionniste (C’est la première et certainement la dernière incursion de Coppola dans la science-fiction) et il s’est gâté.
Ce que j’aime de l’ensemble de Megalopolis est qu’on assiste à un spectacle. C’est avant tout de l’art. Coppola ne cherche pas à plaire à tel ou tel clan. Il fait ENIFIN le film qu’il voulait faire depuis quatre décennies. Evidemment, le fait que le Temps le rattrape montre des lacunes scénaristiques, car il précipite certaines informations et/ou manque de cohésion dans certaines séquences et cette précipitation donne une inconsistance à l’ensemble. Mais………….
………….. Tout amateur de cinéma se doit de vivre cette expérience. Elle pourra vous paraître par moments laborieuses ou lourdes, mais je l’écris sans trop de crainte (malheureusement), voici la dernière offrande d’un des derniers Grands du Septième. En soi, c’est un événement à vivre (ou survivre, tout dépendant votre affection pour l’auteur du Godfather, the Conversation, Dracula et Apocalypse now, entre autres………. J’vous les aurais aisément tous mentionnés, car je suis eeuuuhh, assez vendu à l’artiste. Vendu, mais lucide !) Je ne le vous cacherai pas, je crois que j’écris cela, car je ne veux pas que ça se finisse sur une mauvaise note. Francis Ford Coppola a, avec beaucoup d’autres cinéastes, dont ses potes Scorsese, de Palma, Spielberg et Lucas, modelé mon amour pour le Septième et je cherche toujours cette étincelle lorsque je visionne un film. Megalopolis est le testament de Francis Ford Coppola (aucune surprise ici) et j’accepte, avec quelques regrets, cette dernière étincelle. Par François Gauthier cinemascope@deltar.net
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