4/5 (Netflix). Mais quel délicieux moment artistique, où tous les éléments s’emboitent parfaitement pour donner un tout agréable à l’œil et à l’esprit. L’approche de son sujet très lourd (basé sur le fait véridique du viol d’un enfant de douze ans par son institutrice, puis de leur relation maritale pendant plusieurs années) est subtilement dosée d’un humour noir, pendant que le cinéaste Todd Haynes joue avec les codes du Septième en poussant à la quasi-extrême le mélodrame, avec l’utilisation d’une musique appuyée (de Marcelo Zarves), des plans lentement concentrés et le jeu extraordinaire de ses vedettes principales. On assiste avec délectation à un combat de coq (ou de poules, hihi !) entre Nathalie Portman et Julianne Moore, où les non-dits sont aussi importants que les dialogues. Leurs personnages sont tellement bien explorés qu’elles parviennent à les déconstruire et à les remodeler au fur et à mesure que la supposée vérité se fait jour. Entre elles se dresse le pont qui bouleversera leur quotidien, un jeune garçon maintenant adulte et père qui prendra du galon au détriment des deux reines au tempérament obtus (Charles Melton est brillant de finesse et de fragilité). Le réalisateur Haynes se permet une intelligente analogie du monde du cinéma avec la dure loi de la jungle. Jusqu’où l’instinct de survie peut combler le manque d’introspection humaine pour mener à une meilleure personne ? Quels dommages collatéraux peut-on encaisser pour garder un semblant de fierté et d’orgueil ? Est-ce que, ultimement, toute vérité est bonne à dire ? Haynes et ses deux scénaristes ont magnifiquement construit un monde qui se voudrait plus réel que la réalité. May December est poignant et jouissif. Du bonbon d’intello à niveau d’homme. Netflix a vu la perle à Cannes en Mai et, pour 11 million$, nous l’offre en Décembre. May December ?! Héhé……… Par François Gauthier cinemascope@deltar.net
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