Comment décrire l’expérience ? Une jouissive immersion ? Un travail technique d’orfèvre ? Une reconstitution d’époque impeccable ? Le film de Sam Mendes, auteur de Skyfall, American beauty, Jarhead et Road to Perdition (entre autres), nous immerge dans la journée de deux jeunes soldats en mission et ramène le public sur le plancher des vaches dans une des pires guerres modernes que la planète ait connues.
Le moyen utilisé par le cinéaste pour recapturer l’essence, l’ambiance, le désarroi, l’urgence d’un tel événement ? Le plan-séquence. Mendes et son équipe ont orchestré des séquences permettant l’illusion d’un film en continu, style docudrame. À moins que le spectateur cherche ab-so-lu-ment à jouer à l’avocat du diable et de trouver les enchainements, 1917 est un drame de guerre de 1h59m sans interruption. Son récit est certes quelque peu simpliste (les deux soldats doivent passer d’un point A à un point B en quelques heures), mais n’est-ce pas là, en fin de compte, l’horrible vérité de la guerre ? Gagner ou perdre, des victimes de chaque côté ? Si on fait fi d’un certain sentimentalisme planifié à l’épilogue, le drame de Mendes nous immerge sans émotion, avec précision et dureté, dans les horreurs de la Première Guerre Mondiale. Mon bémol réside dans l’utilisation d’une trame sonore un peu trop omniprésente (de Thomas Newman) qui, paradoxalement, joue en la défaveur de la production, car ainsi, elle souligne que nous avons affaire à une fiction. J’écrirai que c’est le seul choix artistique discutable du cinéaste anglais.
Sinon, tout est parfait. La distribution (mené par les jeunes méconnus Dean-Charles Chapman et George Mackay), avec des apparitions remarquées de grosses pointures (Mark Strong, Benedict Cumberbatch, Colin Firth) est convaincue ; les décors, costumes, véhicules, « cadavres », tout donne une horriblement réaliste peinture. Sans compter le travail du chevronné Roger Deakins à la photographie (la séquence de nuit est un superbe exemple de réalisme dépassant la fiction !!) Et il ne faut pas oublier l’effacé montage de Lee Smith qui permet l’immersion complète du spectateur.
1917 sera le grand gagnant des prochains Academy awards. Mais je n’ai pas de mérite de l’écrire, la production parle d’elle-même. Une grande œuvre. 4/5 minimum par François Gauthier cinemascope@deltar.net
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